VISAGES DU XIXE SIECLE - Catalogue
24 - 30 September 2024
Cette nouvelle exposition présentée par la Galerie Magdeleine rassemble un ensemble de figures datant de la dernière décennie du XVIIIe siècle à la seconde moitié du XIXe siècle. Portée par le sentiment, notre sélection s’est faite au gré des rencontres avec les œuvres et leurs modèles. En effet, lorsqu’on se surprend devant un portrait à se questionner sur la vie menée par le modèle représenté, ses pensées, ses émotions ; c’est que l’artiste a réussi le pari fou de créer une forme de vie immuable. Cet exploit de Pygmalion prend une forme qui nous touche particulièrement dans les décennies suivant la Révolution Française, au cours de l’Empire et de la Restauration.
Les portraits de cette période sont de précieux témoins de la vie de leurs modèles, offrant une fenêtre sur une société en pleine transformation. Après le tumulte de la Révolution, de l’Empire, de la Restauration et des journées de Juillet, le retour au cercle familial et l’essor de la bourgeoisie marquent une nouvelle ère pour le portrait. La psychologie des modèles, autant que leurs intérêts sont révélés par l’œuvre comme des indices permettant la rencontre avec la personne représentée.
Aussi, un renouveau s’opère après 1815 et la chute de l’Empire. Avec le recul de la peinture d’histoire, et alors que le portrait était jusqu’alors relégué au second plan de la hiérarchie des genres, il gagne ses lettres de noblesse sous la Restauration. Au sein des rapports officiels du Salon de 1834, les portraits sont traités en seconde position, juste après la peinture d’histoire. L’année suivant, le rapport du Salon explicite que « les peintres de portraits appartiennent autant à l’histoire qu’à la peinture de genre […]. On reconnaît dans les ouvrages des peintures de portraits le genre d’étude auquel ils se sont plus spécialement donnés. ». Un portrait peut alors tendre à se rapprocher d’une peinture d’histoire par sa valeur d’idéalisation et à la peinture de genre par la minutie du détail et la mise en avant de l’anecdote .
Il apparaît que pour nous, spectateurs d’une autre époque, le portrait se fait peinture de l’Histoire. En effet, il révèle costumes contemporains, agencement des intérieurs, objets du quotidien, vertus et valeurs qu’il était bon de mettre en avant.
Notre sélection de portrait présente également la particularité d’avoir été réalisée par des artistes ayant connu un parcours similaire. Parisiens de naissance ou d’adoption, ils y ont fait leurs éducation artistique et ont souvent fréquenté les mêmes cercles, se croisant dans les ateliers des plus grands peintres de l’époque tels que Regnault, Girodet, Gérard, Guérin ou Ingres.
Nombreux sont les artistes de cette période qui voyagent et s’imprègnent de diverses influences. Jean Joseph Vaudechamp, se rend en Louisiane, tandis qu’Hortense Haudebourt-Lescot et Paul Delaroche visitent l’Italie à plusieurs reprises.
De plus, nous présentons des œuvres réalisées par des peintres qui sont chers à la galerie tels que Jean-Baptiste Paulin Guérin et Hortense Haudebourt Lescot, deux artistes qui se situent au cœur du travail de recherche mené par Paul Menoux.
Cette exposition témoigne de l’âme d’une époque, c’est une invitation à la rencontre du talent d’artistes qui ont su donner vie à leurs modèles ; modèles qui, anonymes ou non, nous offrent un moment privilégié dans leur quotidien. Nous espérons qu’ils vous toucheront autant que nous.
Lucie Bouclet & Paul Menoux