En février 1820, Granet quitte une nouvelle fois Paris pour Rome. À la recherche de nouveaux motifs, l’artiste se rend à Assise de juillet à novembre 1821. Ce voyage est ainsi décrit dans ses mémoires :

« De là, je me rendis à Assise, lieu tout à fait créé pour l’étude et la méditation. Le Sacro Convento à lui seul suffirait à toute la vie d’un homme. On y trouve la religion dans toute sa grandeur et sa noble simplicité ; elle inspire au cœur tout ce que l’homme peut désirer. Aimez-vous la prière ? Entrez dans cette belle église et vous y verrez Dieu assis sur l’autel. Aimez-vous l’étude ? Le silence qui y règne vous porte au travail. Aimez-vous la peinture ? Vous la trouvez belle, noble comme nos maîtres la faisaient dans le XVe siècle.  Êtes-vous peintre d’intérieur ? Oh ! alors vous n’avez plus qu’à vous asseoir et vous avez sous les yeux le plus beau modèle du monde. Enfin ce saint lieu est propre à produire les plus grands miracles en tout genre ; aussi cette visite me fit oublier Rome tout le temps que j’eus le bonheur d’y passer ; et lorsque je dus m’en séparer, ce ne fut qu’après avoir juré d’y retourner pour peindre cette admirable église. ».

La basilique inférieure d’Assise intéresse particulièrement Granet comme en témoigne notre dessin. Dans ce dernier, l’artiste est positionné à l’extrémité ouest de la nef, à l’intersection du transept et devant l’autel du chœur. Au niveau de l’entrée, dans l’arrière-plan légèrement esquissé, sont représentés la chaire « cantoria » érigée par la famille Nepis et le monument sépulcral de Jean de Brienne.
Trois autres lavis comparables au notre sont conservés au musée du Louvre (Ill. 3, 4 et 5). Économe en détails mais semblable dans le coup de crayon, le premier (Inv. 2685) dépeint également la nef de la basilique inférieure mais du point de vue opposé, soit depuis l’entrée. Les deux autres (Inv. 26850), de mêmes dimensions que notre oeuvre, représentent des vues extérieures d’Assise ; La Porte Saint-Pierre au recto et Une vue du cloître de Saint-François au verso d'une même feuille

Les prises de vues et esquisses dessinées par Granet à Assise sont préparatoires à une œuvre de grande dimensions, L’Intérieur de la basilique inférieure de Saint-François à Assise (Ill. 6), que le peintre destine au Salon parisien de 1822. Unanimement loué à cette occasion, le tableau est acquis par la Maison du Roi pour le montant colossal de 12 000 francs.
Le mobilier présent dans la nef, plus particulièrement les bancs, demeure identique à celui de notre dessin. Il est à observer que quelques années plus tard seulement, plusieurs nouvelles rangées de bancs prendront place dans la nef comme en témoigne une nouvelle vue de celle-ci par Thomas Hartley Cromek en 1839.
 

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