Portrait d'Adèle Hugo
Louise DESNOS (Paris, 1807 – Abbeville, 1878)
Portrait d'Adèle Hugo.
Vers 1842.
Huile sur toile. H : 88 ; L : 70 cm.
Exposition : Salon des Artistes Vivants, Paris, 1842, n° 546 : « Portrait de Mme H*** », inscrits au n° 1208 dans le Registre des Ouvrages du Salon de 1842 : « 1 Tableau portrait de Mme H. / Hauteur : 90 ; Largeur : 74 cm. »
Au début des années 1840, Adèle Hugo commande son portrait à Louise Desnos, artiste femme en vogue depuis quelques années dans la capitale française.
Élève de Louis et Louise Hersent chez qui elle loge et travaille, elle fait ses premiers pas publics lors du Salon de 1831. Exposant régulièrement des portraits de personnalités du Tout-Paris, probablement grâce au réseau des Hersent, cette dernière accède rapidement à la célébrité lorsque l’État acquiert son Denier de la Veuve à la suite du Salon de 1840. Par cet achat à destination des collections royales, Desnos devient l’une des quatre peintres femmes à être exposée au sein du musée du Luxembourg destiné aux artistes vivants.
Le portrait de Madame Hugo est présenté au Salon de 1842 aux côtés d’une toile ambitieuse, La Consécration de sainte Geneviève à Dieu, première peinture d’histoire de l’artiste.
Desnos réalise un véritable portrait aristocratique et officiel, fidèle à la tradition du portrait d’apparat. Assise avec sûreté et pointant un regard sévère dans un environnement fastueux, Adèle Hugo apparaît comme une notable sûre de sa position et de son ancrage dans l’élite. L’hermine placée derrière son dos réaffirme explicitement pour le spectateur la noblesse inhérente au personnage. En effet, Victor Hugo devient vicomte en 1837 à la mort de son frère, Eugène. La nouvelle vicomtesse Hugo sera particulièrement enchantée par ce nouveau statut et le couple revendiquera à ses débuts son appartenance à la noblesse. En témoigne notamment la commande de ce portrait.
En ce sens, le portrait de Desnos dénote fondamentalement, tant par son ajustement que par son impact sur le spectateur, d’un second portrait d’Adèle Hugo exécuté quelques années auparavant par Louis Boulanger, ami du couple Hugo, en 1839.
Par l’exposition de modèles prestigieux Desnos témoigne de sa nouvelle réputation acquise grâce à l’élargissement de sa clientèle à l’aristocratie. Elle s’affirme ainsi en qualité de peintre de l’élite fortunée, désireuse de portraits officiels.
Ainsi, les portraits de l’artiste exposés au Salon de 1844, véritable acmé de sa carrière, dépeignent des modèles influents, qu’il s’agisse de la sphère militaire avec un général et un amiral, ou encore de personnalités plus fashionables comme Ekatarina Gagarine, sœur de la très influente Sophie Swetchine.
Desnos développe dans ses portraits un style parfaitement reconnaissable. L’attention particulière portée sur les vêtements et l’environnement est sans nul doute un héritage de ses maîtres, tout comme les poses ancrées et l’attitude frontale des protagonistes. Plusieurs éléments stylistiques récurrents s’observent dans plusieurs œuvres, nous pouvons citer notamment le traitement des perles des bracelets dans les portraits d’Adèle Hugo et de Juliette Destailleurs (Ill. 3 ; 1846 ; conservé au musée Carnavalet).
L’arrière-plan de notre portrait, sous forme de papier peint floral, s’il est inédit en 1842, sera réutilisé par l’artiste et son entourage les années suivantes. Ainsi, il peut s’admirer dans le portrait de la comtesse Gagarine de 1844 (Ill. 4) ou encore dans le portrait de Louise Desnos par Louise Hersent (Ill. 5), son maître, exécuté en 1845. Ce papier peint vert si caractéristique semble ainsi avoir réellement existé, ornant un mur du domicile des Hersent.
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