
Inondation à Vaux-Villaine
Charles Florent Léon MOREAUX (Rocroi 1815 - Paris 1891)
Inondation à Vaux-Villaine
1833
Gouache sur papier.
H : 61,5 ; L : 81 cm.
Exposition : Salon de la ville d’Arras, 1833, n° 255 : « Inondation à Vaux-Vilaine (Ardennes) Une famille prête à être entraînée par les eaux, adresse des vœux au ciel. Elle est réunie sur les débris de son habitation. »
La première mention de l’artiste apparaît dans le livret du Salon de la ville d’Arras en 1833. Sous le numéro 255, Charles Florent Léon Moreaux y présente cette Scène d'Inondation. Âgé de dix-huit ans il expose pour la première fois publiquement à cette occasion. Plus qu’une simple scène de genre, le tableau fait écho à l’actualité contemporaine.
Seul un petit article du Constitutionnel du 20 mai 1833 fait état de la catastrophe dans ses colonnes : « Il paraît que l’orage qui a éclaté le 12 mai à Verdun, a fait de grands ravages dans le département des Ardennes. À Vaux-Vilaine et Lépron, il a occasionné des dégâts considérables. […] En un instant toute la vallée ne fut plus qu’un affreux torrent. L’eau avait envahi les habitations, et s’y était déjà beaucoup élevée avant que les habitants pussent se sauver. »
Charles Florent Léon Moreaux s’est, de toute évidence, emparé du sujet avec diligence car seulement trois mois séparent la catastrophe de l’ouverture du Salon d’Arras, le 25 août. Les origines du peintres, natif de Rocroi, village situé à moins de 20 kilomètres du drame, expliquent aisément sa volonté de figer l'évènement en peinture.
Par cette œuvre, Moreaux s’inscrit dans le travail de son contemporain Ary Scheffer, alors très en vogue. La composition, la touche, certaines attitudes et plusieurs faciès de protagonistes se retrouvent dans les compositions de Scheffer, notamment La Tempête du musée de la Vie Romantique ou encore L’Incendie du musée de Rouen. Scheffer lui-même s’est essayé à une Scène d’inondation lors Salon de 1827. Toutefois, à la différence de notre tableau, l’action se déroule après le drame.
L’Inondation de Moreaux est aussi plus largement caractéristique de l’avènement d’une nouvelle peinture de genre prisée par la bourgeoisie alors naissante depuis les premières années de la Restauration. Il s’agit de scènes de la vie du petit peuple empreintes de sentimentalisme larmoyant et pathétique. Moreaux s’attache à représenter le sauvetage in-extremis de sinistrés réfugiés sur leur toit de leur maison par une embarcation. Le peintre immortalise ainsi avec une grande justesse la profonde souffrance du petit peuple. Il dépeint également avec subtilité les émotions variées face à l’inondation et au sauvetage, allant de la peur à la reconnaissance, en passant par la tristesse et les supplications.